Ce que mon grand-père aimait plus que tout, c’était le jazz. Je le vois encore, debout au milieu de son salon, en chaussettes sur le grand vieux tapis persan, un casque sur les oreilles pour ne pas déranger ma grand-mère. Il ne suivait que la batterie. Jamais les soli. Jamais les cuivres. Il ne bougeait que les épaules, les mains, un tout petit peu les coudes. On n’avait qu’à le regarder et on savait quel morceau il était en train d’écouter pour la énième fois.
Il les adorait tous. Parker, Ellington, Fitzgerald, Armstrong, Holiday, Goodman… Mais il y en avait un, pourtant pas si connu, qui, selon mon grand-père, était au dessus de tous. Il le disait toujours, de plus en plus ses dernières années:
-Rien et personne ne me fera bouger comme Parkinson.
Et il avait raison. De plus en plus, et même sans son casque, mon grand-père, il avait le jazz en lui. Boum-ts, badoum-ts, badoum-ts…