Isabelle part au Canada.
Et moi je reste là.
J’imprime mon nom.
Sur cette ville, cette maison.
Depuis longtemps.
J’insiste. Je résiste. Je persiste.
Je m’affaisse de plus en plus.
Mais je reste.
Reste quoi?
Reste pourquoi?
Isabelle part au Canada.
Et moi je reste, là.
Là tout de suite, et plus tard aussi.
Je reste, insiste, persiste, existe de moins en moins.
Alors qu’Isabelle, elle, elle part.
Part de plus belle.
Pour une vie nouv… un nouveau départ.
Coucher avec de nouvelles personnes!
Alors que moi, je reste, moi.
En elle, connue, si connue, trop connue, convenue,
et pourtant s’éloigne petit à petit.
Comme un départ très lent, au Canada intérieur.
Il fait froid dans mon Canada.
Isabelle, elle part au Canada.
Au Canada extérieur.
Peut-être elle reste, elle, en vrai.
Et c’est moi qui s’en vais, pour de faux.
Faux cul que je suis, faisant semblant de rester, tout en étant parti, depuis un moment déjà.
Moments par moments j’ai pris mes affaires
Et je les ai posées loin, en sécurité
de ma vie, d’ici.
Isabelle, elle reste au Canada.
Et moi je suis parti ici.
Et je resterai parti ici.
Je prends mon parti et je le garde, ici.
Je le garde, là, à coté de moi.
Mon Canada à moi est là.
Il fait froid dans mon Canada.
Isabelle s’en va. Et moi, les restes.