Comment bien trancher entre deux Connards – Une Dissertation

Un enfant jouant avec le feu

Préambule
En écrivant un texte hautement littéraire et d’une délicatesse inouïe j’ai été confronté à la question suivante : est-ce qu’on dit « connard fini » ou « connard pas fini » ? La question s’est avérée fascinante. Et comme toutes les excuses sont bonnes pour ne pas écrire ce qu’on devrait écrire, j’ai approfondi un peu plus que nécessaire.

Avant de commencer : pourquoi ajouter un « fini » ou « pas fini » au connard ?
Quand on écrit sur un connard, on aurait tort de ne pas y ajouter un « fini » ou un « pas fini ». Le simple connard ne fait tout simplement pas la taille à un beau connard à queue. Ça sonne mieux, ça sonne plus fort. C’est comme avec un piano. Un piano droit ne sonne pas aussi bien qu’un piano à queue. Le connard fini/pas fini aura donc les avantages suivants sur le connard simple :

• Une sonorité plus riche et variée avec de larges plages dynamiques, de pianissimo à fortissimo
• Un sustain plus long
• Un timbre plus consistant
• Un son uniforme et équilibré

Vous l’aurez peut-être remarqué, j’ai juste copié quelques avantages du piano à queue du site de Yamaha France. Mais ça marche aussi bien pour les connards que pour les pianos. Si on a le choix, le connard adjectivé est toujours à préférer au connard simple.

Le connard fini VS le connard pas fini

On a réglé dans le préambule la question du connard simple VS le connard fini/pas fini. Oui, mais lesquels entre ces deux connards à rallonge est le plus fort ? Le connard fini ou le connard pas fini ?

Les statistiques

Ce que dit Google France : 8060 résultats pour « connard fini ». 2530 résultats pour « connard pas fini ». Il semble donc que l’expression « connard fini » soit plus amplement utilisée. Accessoirement : on trouve 321 000 résultats pour « con fini », et 1420 résultats pour « con pas fini ». La « conne pas finie » n’a que 1610 résultats (Bravo Mesdames !) et la « conne finie » 1050 résultats. La connerie masculine l’emporte, mais ce n’est pas le sujet.

Voici les quatre questions à résoudre.

1. Qui est plus connard, le connard fini ou le connard pas fini ?
2. Quelle est la différence entre connerie et connardise ?
3. Quand est-ce qu’il faut employer « connard fini » et quand « connard pas fini » ?
4. Est-ce qu’il faut vraiment trancher entre ces questions, alors qu’on a vraiment autre chose à faire, qu’il est bientôt midi trente et qu’on n’a même pas écrit deux pages du texte qui a soulevé la question pour la première fois ?

Image générique d'un con
Derrière un con peut très bien se cacher un connard. – Est-ce que ça paie bien de poser pour des photos de banques d’image? Je l’espère parce que ça a l’air bien con, comme travail.

1. Qui est plus connard, le connard fini ou le connard pas fini ?

Qu’est-ce qu’on essaie de dire quand on parle d’un connard, qu’il soit « fini » ou « pas fini » ? En parlant d’un connard, on essaie de définir le degré de sa connardise (Et non pas de sa connerie, qui elle, est réservé au con, merci de respecter la consigne). On y ajoute alors un « fini » ou « pas fini ». Quelle est la différence ?
Le connard pas fini, comme son nom l’indique, n’est pas terminé. L’intuition nous dit qu’il devrait être moins bien, moins bien positionné dans l’univers des connards que son acolyte fini. Pourtant, si le connard n’est pas tout à fait terminé, c’est que la personne dont est fait le connard est une meilleure personne, puisqu’elle est un peu moins connarde, non ? On pourrait au contraire aussi argumenter que le connard pas fini a juste été trop con pour terminer sa transformation en connard complet, ce qui le rendrait encore plus con que le connard fini. En même temps un connard plus con qu’un connard fini sera surement un meilleur connard que le connard fini, puisqu’il ajoute le con au connard, ce qui en ferait un connard vraiment fini. Ce qui crée un escalier de Penrose, c’est à dire une quadrature du cercle, une contradiction sans fin. Comme quoi, nous voilà arrivés à la fin de la connerie, ou au connard sans fin, le connard infini. On pourrait donc justement argumenter que la connerie est toujours sans fin, qu’un connard, fini ou pas fini, n’a pas d’autre choix que de porter le connard infini en lui, puisque la connerie est sans fin (pour ne pas citer Einstein).

Conclusion
En allant au bout de l’argumentation, on arrive à la conclusion évidente que le connard fini ne peut pas exister. Si la bêtise est sans limites (Voir encore une fois Einstein) et que la connerie est infinie, un connard n’est jamais arrivé au bout de sa connardise, ce qui prouve qu’il ne peut y avoir que des connards pas finis. Les résultats Google ont tort. La majorité se trompe en préférant le « connard fini » au « connard pas fini ». Je m’en vais en parler à l’Académie Française.

2. Quelle est la différence entre connerie et connardise ?

Je croyais avoir terminé. C’était sans compter sur ma propre connerie de ne pas bien distinguer entre connerie et connardise. La connerie étant réservée aux cons et la connardise aux connards. Voilà ce qu’il faut retenir : c’est bien plus qu’une simple connerie que d’être connard. Puisque le connard ajoute à la bêtise (la bêtise étant une sorte de connerie allégée, de la connerie « light », si on veut) son intention méchante. Sans méchanceté, pas de connard. Par déduction, la même chose vaut pour la connardise. Est-ce qu’un connard peut faire une connerie ? Oui, mais c’est rare. Et dans le doute ? En cas de doute, il vaudrait mieux se servir du rasoir de Hanlon (« Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer ») pour ne pas risquer de virer connard à son tour. Oui, on peut virer connard par simple fainéantise de pensée, par négligence, juste en attribuant à l’autre des intentions mauvaises qu’il n’a pas. Le fait de présumer l’intention méchante de l’autre est méchanceté aussi. Mais je m’égare. Je dirais juste : vaut mieux prendre des gens pour des cons que des connards.

Conclusion
Pour résumer : un con n’est pas forcément un connard, mais un connard a toujours du con (ou Ducon) en lui. Comme on n’écrit pas omelette sans caser des E, on ne fait pas de connardise sans con. La méchanceté est de mise pour bien réussir le connard et sa connardise.

Un enfant jouant avec le feu
Un enfant qui fait une bêtise ne fait pas forcement une connerie.

3. Quand est-ce qu’on emploie un « connard fini » et quand un « connard pas fini » ?

Il ne faut jamais employer des gens qui ajoutent de la méchanceté à la bêtise, sauf si vous faites un métier qui demande exactement ces qualités. Comme le racket, l’immobilier, le métier de contractuel/le, tout ce qui demande de l’autorité à petite échelle. Pour ce qui est de l’emploi, il vaut mieux ne jamais employer aucun connard.
Pour ce qui est du langage : on évitera d’utiliser l’expression « connard fini », car, comme nous l’avons démontré plus haut, le connard n’est jamais tout à fait fini, il peut toujours être augmenté, amélioré, dépassé. Le terme « connard fini » indique qu’on serait arrivé à une sorte de terminus, un connard ultime qui ne pourrait être dépassé, ce que l’expérience et notre argumentation a démontré comme impossible. Le connard fini n’existe qu’en théorie, comme une sorte de « boss final » d’un jeu vidéo infini, un adversaire ultime qu’on rencontrerait dans le dernier niveau d’un monde sans fin. De là à dire que dieu pourrait être un connard fini… ce serait du blasphème et ce n’est vraiment pas le moment pour ça.

Conclusion

On dira toujours « connard pas fini » et non pas « connard fini ».

4. Est-ce qu’il faut vraiment trancher entre ces questions, alors qu’on a vraiment autre chose à faire, qu’il est bientôt midi trente et qu’on n’a même pas écrit deux pages du texte qui a soulevé la question pour la première fois ?

Non.

Conclusion finale

Le connard pas fini gagne haut la main. Avec ceci je soumets mon argumentaire à votre œil critique et vous demande votre avis sur la question des connards. Accessoirement on peut aussi discuter de l’excellent roman L’histoire sans fin de Michael Ende , qui, à ma grande surprise, ne parle pas du tout du sujet évoqué ici.

À noter:
-La « connardise sans fin » ne semble pas vraiment exister. 660 résultats de recherche. C’est encourageant.
-La « connerie sans fin » existe bel et bien, avec 7890 résultats de recherche. Rien d’étonnant.
-Le mot « connardise » n’est pas valable au Scrabble, ce qui me semble être une belle connerie, malintentionnée ou pas. https://1mot.net/connardise

Le bonheur des uns – Court-métrage

Le court-métrage LE BONHEUR DES UNS, avec Jean-Michel Fournereau, Valérie Crouzet, Bruno Paviot, Hélène Jupin, Celine Baumgartner. Image de Juan Siquot, Son de Renaud Michel. Écrit et réalisé par Jeremias Nussbaum. Production: Mias Media

Retrouvez toutes les informations sur ce court-métrage que j’ai réalisé en 2016 sur le site de Mias Media, la boite de production: http://mias.fr/fr/projects/le-bonheur-des-uns

Le marque-page ou ma descente lente aux enfers de la prévoyance

Le regard flou, les yeux fatigués, les 40 ans s'approchent

Vous savez comment j’ai su que mes 40 ans s’approchaient? Comment j’ai su que j’étais inéluctablement devenu un adulte, que mon adulescence, la folie de mes 30 ans était derrière moi? J’ai utilisé la carte de visite d’un courtier comme marque-page. Je lisais un livre assez drôle, assez fin, un livre d’été, et quand j’ai cherché un marque-page j’ai pris la première chose que j’ai trouvé sur mon bureau. Et c’était la carte d’un courtier. Oh, le coup de vieux! J’ai pris des cernes, juste en la prenant dans mes mains. Le pire c’est que j’ai fait ça d’un air naturel, comme si c’était la chose la plus normale au monde d’avoir une carte de courtier sur son bureau. On est loin, très loin de la révolte, de vouloir changer le monde! Maintenant je prépare le futur. Je pense à mes surlendemains. Bref, je suis devenu responsable et prévoyant. L’horreur.